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Développer sa capacité de  résilience ou l’art de la renaissance

Développer sa capacité de résilience ou l’art de la renaissance

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La cohorte des maux de la vie professionnelle est légion : tensions et stress dans la durée, banalisation des dénis et injonctions paradoxales, placardisation, évincement, stagnation, régression, harcèlement, licenciement, burn- out, diktat de l’urgence permanente, changements organisationnels, de stratégie, de dirigeant, de n+1, jeux de pouvoir, de rivalités, lutte des places, épopée de la recherche d’emploi, manque de reconnaissance, perte de sens... Ces épreuves du travail, tribulations et vicissitudes, nous renvoient à certains tréfonds : notre identité sociale, notre valeur, notre utilité dans le monde et, quand ils se font traumatisme, viennent questionner notre capacité de résilience.


Que recouvre le terme de résilience ?

À l’origine, la résilience est un concept issu du domaine de la physique et se définit comme l’aptitude d’un corps à résister à un choc et à retrouver sa forme initiale après une déformation (torsion, compression, élongation...).

Dans le registre étymologique, la résilience vient du latin resilire qui signifie rebondir ou rejaillir et par extension : reculer pour se libérer, reculer pour mieux sauter. C’est dans les années 1950 que le concept de résilience émerge dans le champ des sciences sociales, au travers d’études menées par des Anglo-Saxons sur des enfants soumis à des situations de maltraitance et des conditions de vie particulièrement difficiles, afin de comprendre ce qui permet à certains de s’en sortir mieux que d’autres. Le concept est de plus en plus répandu et son champ sémantique s’est élargi jusqu’à devenir un de ces mots tendance que l’on retrouve aujourd’hui dans tous les domaines de la vie qui requièrent de dépasser des épreuves en les transformant.

En France, le terme de résilience a été largement médiatisé à la suite du livre Un merveilleux malheur, de Boris Cyrulnik, pour qui « le malheur n’est pas une destinée, rien n’est irrémédiablement inscrit, on peut toujours s’en sortir ».

« On peut découvrir en soi et autour de soi les moyens qui permettent de revenir à la vie et d’aller de l’avant tout en gardant la mémoire de sa blessure.»

En psychologie, la résilience est notre capacité à faire face, à surmonter et dépasser l’adversité, les épreuves et les chocs traumatiques de toute existence et rebondir en retrouvant un nouvel élan et une nouvelle dynamique. La résilience serait cette capacité, dont certains seraient particulièrement dotés après des événements douloureux, de résister et de délier des effets d’un traumatisme, de se reconstruire après et de se sentir renforcé, grandi, de continuer de se projeter dans l’avenir.Ainsi, la résilience est à la fois la résistance à la destruction et la construction d’une existence valant d’être vécue.

Il est courant d’associer les mots de plasticité, élasticité, souplesse, réadaptation, deuil, rebond au concept de résilience. De facto, la résilience est à la fois un processus, une aptitude, des capacités et un résultat.

Un processus multi-factoriel

D’une part, la résilience en tant que processus se réfère à une dynamique complexe d’adaptation et d’apprentissage résultant de l’interaction entre des facteurs de protection et des facteurs de risques sur le plan personnel, familial et environnemental. Rappelons que ce qui cause le stress est aussi lié à la perception qu’a l’individu de l’événement et que le processus s’inscrit dans le temps.

D’autre part, la résilience en tant qu’aptitude ou capacité fait référence à des traits de caractère ou attitudes de ceux qui s’en sortent : confiance ontologique, estime de soi, compétences sociales, capacité à résoudre des problèmes, optimisme, humour, créativité, spiritualité, aptitude à se bâtir un réseau de soutien, à demander et recevoir de l’aide, capacité à donner un sens aux évènements et à se projeter dans l’avenir en dépit d’événements déstabilisateurs, de traumatismes sérieux et de conditions de vie difficiles.

Enfin, la résilience en tant que résultat se réfère aux conséquences positives de la mise en œuvre de stratégies adaptatives dans des situations à risques et adverses, au constat de réussites en dépit de grandes épreuves, et d’être ainsi passé de la sur- vie à la vie.

Une capacité qui se travaille

En synthèse, trois grandes caractéristiques communes appartiennent aux per- sonnes ou aux organisations que l’on peut qualifier de résilientes :
  • L’acceptation de la réalité ;
  • La croyance profonde que la vie a un sens ;
  • La capacité à s’adapter à l’environnement et à improviser.

Ne pas sombrer dans la victimisation ni dans l’amertume, ne pas renoncer à un certain accomplissement, ne pas laisser un voile gris recouvrir son quotidien, tout cela requiert de réveiller et d’activer nos sources de résilience.

  • Affronter nos peurs, nos limites, remettre en question nos croyances et nos certitudes pour mobiliser notre capacité à évoluer sans pour autant s’éloigner de ce qui est au cœur de nos aspirations profondes.
  • S’ajuster à notre environnement et se défaire de certaines représentations pour retrouver du sens à nos actions.
  • Tirer des enseignements de ce qui nous arrive pour croître en autonomie et en liberté sont les bénéfices que nous pouvons retirer à cultiver notre résilience.

Mon hypothèse, devenue une croyance renforcée par ma pratique de l’accompagnement depuis plus de 10ans, est qu’il existe en chacun de nous des ressources spécifiques de résilience. Certes, la vie ne nous met pas tous à l’épreuve de la même façon, cependant, ma conviction est que la résilience peut se développer et se cultiver.

Quelques suggestions pour renforcer notre muscle de résilience :
  • Revenir à l’essentiel (son système de valeurs), se distancier et relativiser.
  • Identifier ce qui nous fait du bien et les choses que nous aimons faire, nos points forts et nos qualités, ce que nous savons bien faire et dont le monde a besoin.
  • Cultiver les petites choses du quotidien, le bonheur de faire les choses pour le pur bonheur de les faire.
  • Être clair par rapport à ce qui fait sens et ce qui produit du sens dans notre vie, ce pour quoi la vie mérite d’être vécue.
  • Le sentiment d’être vivant, ressentir la dimension de l’être qui ne dépend pas de l’avoir.
  • Orienter ses actions en fonction de ce qui fait sens et non en fonction du résultat, et garder sa cohérence intérieure.
  • Écouter ses émotions : ce que vulnérabilité et fragilité nous indiquent.
  • Prendre soin de soi: savoir quoi mobiliser dans notre quotidien pour se faire du bien et restaurer notre énergie.
  • Mettre en mots ses représentations, son vécu afin de l’inscrire dans son histoire et en être l’acteur.
  • Pratiquer l’humour, le décalage, élargir et transformer son regard et sa vision.

Vous y gagnerez une forme de sérénité en profondeur, une sorte de ligne de fond. Vous serez moins secoué, ou moins longtemps, en cas de turbulences. Vous saurez vous mettre à l’abri, vous protéger. Vous entretiendrez un feu, un brasier, une énergie de vie, vous saurez quoi faire pour vous régénérer, reprendre des forces et repartir dans le monde.Vous serez plus à même de choisir vos combats, de vivre une vie qui vous convient en profondeur et de faire les choix adéquats. Vous subirez moins...

Développer notre capacité de résilience peut nous permettre d’identifier des lignes de force et nos ressources intrinsèques à entretenir pour être à même de garder notre cap tout en naviguant entre les écueils, en fonction des vents. 


Article publié dans Emile magazine, automne 2019